Il n’y a pas de raison de se réjouir de la crise climatique actuelle. Vraiment pas. Mais, au moins, dans la prise de conscience qu’elle suscite, elle a un intérêt. Elle permet enfin aux architectes de réaffirmer le rôle qu’ils ont à jouer dans les adaptations nécessaires de notre façon d’habiter notre planète.
Car non, les architectes ne sont pas que des gens qui dessinent des maisons sur des bouts de papier ou qui expliquent dans quel sens il faut empiler des parpaings. Par nos études, mais aussi par l’essence même de notre métier, nous sommes en réflexion constante sur les préoccupations liées à l’habitat. Depuis son premier jour sur le banc de l’école, un architecte a commencé à réfléchir à ce que peut et doit être une maison. Pas un bloc de pierre, mais un véritable lieu de vie, connecté à son environnement et modelé en fonction des besoins de ses occupants. Des réponses et des propositions, il en a déjà. Il les a expérimentées.
Dans la période précédente, on le sait bien, d’autres problématiques s’étaient imposées. Il fallait construire toujours plus vite, encore moins cher et partout. Le manque de logement, mais aussi la volonté de préserver la rentabilité dans un contexte où le foncier est toujours plus cher, tout cela, petit à petit, a fini par prendre le dessus sur la qualité d’habiter. Le niveau de confort, globalement, a vraiment souffert de ce mouvement au cours des dernières années. Et nous avons laissé derrière nous la sagesse des anciens qui savaient ne pas construire n’importe quoi et, surtout, pas n’importe où.
Avec l’urgence climatique que tout le monde a bien enregistrée aujourd’hui, les choses commencent à changer. Et, en tant que professionnels, nous nous devons de rappeler que les architectes sont bien les experts de l’habitat, au sens large. Car, pour nous, l’habitat est pensé de façon globale. Depuis de nombreuses années, nous essayons de faire prendre conscience que construire c’est avoir une réflexion sur l’environnement, l’habitat de demain, la qualité de vie des habitants. Le but final, ce n’est pas de faire seulement du beau ni d’avoir une vision uniquement technique. Avant tout, il s’agit de répondre aux problématiques environnementales, citoyennes et sociales qui sont au cœur de la notion d’habitat. Comment je vis dans mon quartier ? Comment je vis chez moi ? Quelles sont mes interactions avec mon environnement ? Quels sont les flux dans cet espace ? Ce sont des questions qu’un architecte se pose, avant toute chose.
On ne peut pas construire une maison confortable sans s’intéresser à son environnement. Dans le nord ou le sud de la France, on ne peut pas construire la même maison. De la même façon, l’habitat se pense sur le long terme, en évolution et de façon globale. Si demain un enfant arrive ou si je dois accueillir mes parents chez moi, mon habitat doit pouvoir s’adapter.
Bien sûr, on peut se dire que la prise de conscience aurait pu arriver plus tôt. C’est vrai qu’il est dommage qu’elle intervienne à la faveur (si on peut dire…) de la crise climatique. Mais la volonté de considérer autrement l’habitat est bien là et nous, architectes, nous avons le devoir de l'accompagner.
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